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Quand ton corps parle plus fort que les mots


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Imaginez une pierre grise, lourde, pleine d’aspérités, posée au creux de votre ventre. Elle est là depuis si longtemps que vous avez oublié son poids. Pourtant, elle vous rappelle sa présence à chaque inspiration profonde, chaque stress, chaque 'non' que vous n’osez pas dire.

C’est cette pierre qu’une patiente m’a décrite un jour en séance. Elle ne savait pas d’où elle venait. Elle savait juste qu’elle la portait depuis toujours.

Ce jour-là, son corps a commencé à parler. Par des rots. Des larmes. Un 'Assez !'  longuement retenu.

Et si le vôtre avait, lui aussi, quelque chose à vous dire ?


La Pierre Grise : Un Cas de Somatisation en Gestalt


Contexte


Cette patiente arrivait avec deux symptômes principaux : une douleur sourde à l’estomac ('comme une pierre') et une mâchoire si serrée qu’elle en avait des migraines. Elle n’avait aucun souvenir traumatique conscient, juste cette sensation de 'porter un poids' depuis l’enfance.



Le travail thérapeutique


En gestalt, nous n’interprétons pas. Nous écoutons. J’ai donc invité cette patiente à :

  1. Dialoguer avec sa pierre : 'Si tu pouvais parler, que dirais-tu ?'

  2. Explorer les sensations physiques : Où la pierre était-elle située ? Quelle était sa température, sa texture ?

  3. Laisser émerger les mots sans forcer les souvenirs.


Et puis, elle a réalisé : 'Cette main sur ma gorge… ce n’est pas la mienne.'"



La libération


Son corps a alors commencé à 'rendre' ce qui ne lui appartenait pas :

  • Des rots (symbolisant les 'non' avalés).

  • Des larmes (la tristesse de s’être abandonnée).

  • Un 'Assez !' (premier acte de réappropriation de son espace intérieur).

En gestalt, on appelle ça une introjection : ce qui nous a été imposé (une croyance, une violence, une attente) et que le corps a gardé comme sien. La thérapie aide à rendre à César ce qui est à César – c’est-à-dire, à distinguer ce qui nous appartient vraiment de ce qui nous a été 'prêté' contre notre gré.

Ce que ce cas nous apprend


  1. Le corps est un archive

  • Les traumatismes ne disparaissent pas. Ils s’incarnent : mâchoire serrée = parole étouffée ; pierre à l’estomac = colère ou chagrin non exprimé.

  • Exemple concret : Une autre patiente décrivait ses crises d’eczéma comme 'ma peau qui hurle à ma place'.

  1. La guérison est organique

  • Elle passe par des voies parfois surprenantes : rots, pleurs, rires nerveux, ou même un besoin soudain de danser. Ces réactions ne sont pas 'bizarres' – ce sont des ajustements créateurs (Perls), des tentatives du corps pour se rééquilibrer.

  • Citation : Comme le disait Reich : 'Le corps ne ment jamais.'

  1. Le 'NON' est un muscle

  • Apprendre à dire 'non' est un processus. D’abord en pensée, puis en chuchotant, enfin à voix haute. Parfois, le premier 'non' est un rot, le deuxième une larme, le troisième un 'Assez !' .



Exercice Pratique (À Faire Chez Soi)


Si ce récit résonne en vous, voici un exercice simple pour commencer à dialoguer avec votre corps :

  1. Posez une main sur votre ventre (là où la 'pierre' pourrait se situer).

  2. Demandez : 'Qu’est-ce que je porte qui n’est pas à moi ?' (attendez la réponse sans forcer : une image, un mot, une sensation).

  3. Lâchez un soupir… ou un cri, ou un 'Assez !' (laissez votre corps choisir).

Pas besoin de comprendre tout de suite. L’important est d’ouvrir le dialogue.


Si des souvenirs douloureux émergent, notez-les et envisagez d’en parler à un·e thérapeute. Votre corps a besoin d’être écouté, mais aussi accompagné.

Conclusion


La pierre grise de cette patiente était faite de 'non' non dits, de colères avalées, et d’une violence intériorisée. Aujourd’hui, elle respire plus librement. Pas parce que la pierre a disparu, mais parce qu’elle a appris à la poser par terre de temps en temps.

Votre corps vous parle, lui aussi. Peut-être par des maux de ventre, des tensions dans les épaules, ou cette fatigue qui ne passe jamais.

Et si vous commenciez à l’écouter ?

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